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  • Histoire du métier de tapissier

    Histoire du métier de  tapissier

    Bien que l'on retrouve des traces du métier de tapissier depuis la plus haute antiquité, ce métier reste vivant et continue à évoluer.

    Il évolue pour plusieurs raisons : grace aux hommes (et aux femmes !!) qui font ce métier et adaptent les techniques (ce métier anciennement très masculin est pratiqué par de plus en plus de femmes qui doivent palier la force physique qui pourrait leur faire défaut par exemple), la garniture doit évoluer avec les différents styles de sièges et enfin les matériaux de plus en plus sophistiqués qui permettent des réalisations innovantes.

    Si grosso modo les matériaux de bases tels que le crin ou encore les toiles restent les mêmes, les tissus en revanche deviennent de plus en plus techniques, les mousses pour les garnitures modernes sont de plus en plus résistantes...

    Au début du XIe siècle, nous trouvons les tapissiers fabricants de tapis dits sarrasinois, ou d'Orient (c'est-à-dire velus et épais comme nos moquettes), et de tapis nostrés ou neutrés, qui, selon toute apparence, étaient des tapis ras ou lisses, comme nos tapis écossais, ou comme nos moquettes bouclées.

    On retrouve au XIIIesiècle, dans les registres de taille de la ville de Paris. la présence de courtepointiers et de  tapissiers. Ces derniers réalisaient des tapisseries dont la destination première était d'agrémenter les "murailles"  d'une chambre et de permettre une isolation contre les conditions atmosphériques (humidité,froid...) dans les grandes demeures. Leurs taches consistaient aussi  a garnir les carcasses de sièges, à faireet poser les rideaux. Les  courtepointiers par contre étaient aussi ammenés à transformer les tissus en courtines (rideaux) ou courtepointes (couvertures piquées) et tendaient de riches étoffes aux murs, se faisant il concurrencaient  les tapissiers de haute ou de basse lice.

    metier a tisser basse lisse     metier a tisser haute lisse

                                          Metier à tisser de basse lice                                                                                   Metier à tisser de haute lice

    Les tapissiers de Haute lisse doivent leur nom au fait qu'ils travaillaient debout sur un métier à tisser dressé perpendiculairement et il regardait le tableau placé à coté de lui (modèle des motifs à réalisé, également appelé carton) . Le tapissier de basse lice travaillait également en suivant un tableau mais celui-ci était  était placé sous le métier et l'artiste le deroulait à mesure qu'il en avait besoin. L'un et  lautre travaillaient avec une navette. Les tapisseries des Gobelins, de flandre de beauvais sont de haute lice.

    Les coutepointiers se substituaient aux tapissiers pour vendre aux seigneurs des tissus de soie ou de laine. Au XVe siècle la tapisserie revient à la mode après une éclipse. Le coutepointier, qui est aussi un marchand
    (il se fait appeler tapissier marchand), revend les tapisseries en les transformant par l'adjonction de galon ou de bordure. Généralement ces tapisseries sont doublées sur l'envers. On trouvait aussi quelques spécialités comme celle de  neustre (artisan qui fait et vend des meubles et dont le statut était présent dans celui des courtepointiers) ou les coustiers (fabriquants de Couette, lit de plumes, matelas, quelle qu'en soit la garniture. Les oreillers ou coussins étaient, comme la literie, du ressort des coustiers).

    tapissier histoire

    C'est alors que s'élèvent des protestations entre les deux corporations (celle des tapissiers de haute ou de basse lice, et  celle des tapissiers marchands), puisque les fabricants prétendent pouvoir exécuter le même travail. Ce conflit entraîne des procès  interminables dès la fin du XIIIe siècle. Il prend fin en 1621, date mémorable, qui voit la réunion de ces deux corporations en une seule : celle des tapissiers.

    Extrait de l'Encyclopédie de Diderot ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers

    La grande ressemblance de ces deux corps pour leur commerce donnant occasion à de fréquents différents entr'eux, la jonction et l'union en fut ordonnée par arrêt du Parlement du 11 Novembre 1621 ; et par trois autres des 3 Juillet 1627, 7 Décembre 1629, et 27 Mars 1630, il fut enjoint aux maîtres des deux communautés de s'assembler pour dresser de nouveaux Statuts, et les compiler de ceux des deux corps ; ce qui ayant été fait, les nouveaux statuts furent approuvés le 25 Juin 1636 par le lieutenant civil du châtelet de Paris, sur l'approbation duquel le roi Louis XIII. donna ses lettres patentes de confirmation au mois de Juillet suivant, qui furent enregistrées en parlement le 23 Août de la même année. "

    Au XVIIesiècle, nous avons connu un tapissier "célébre" : Molière. Il était fils et petit-fils d’une longue lignée de tapissiers anoblis originaires de Beauvais venus faire fortune à Paris. Son père était marchand tapissier parisien. Il avait achèté en 1631 la charge de tapissier ordinaire de la maison de Louis XIII, c'est-à-dire fournisseur de la cour en étoffes d'ameublement et petit mobilier. Le titre de valet de chambre qui consistait a assister au lever du roi et remettre les draps blancs et les couvertures de son lit n’était pas encore attaché à cet emploi de tapissier  qui consistait à disposer les tapisseries dans les appartements royaux, lors des déplacements de la cour royale et à veiller sur le mobilier . La transaction ne fut définitive qu’en 1637. Il s’agissait d’un office de cour important qui se transmettait presque héréditairement. Molière occupa donc un temps la charge de Tapissier et valet de chambre et assura son service à la Cour par quartier, c'est-à-dire par périodes de trois mois. Cela ne l'anoblit pas, mais lui confèra le titre d'écuyer, le faisantt dépendre de la justice du roi, l'exemptant du franc fief et contribuant à augmenter ses revenus (le Franc Fief était un impôt lié à la possession d'un fief par un roturier car la règle de l'époque  ne permettait pas aux roturiers de tenir des fiefs et cet impot était  la compensation de la diminution de la valeur du fief ainsi amputé). La charge de  tapissier et  valet de chambre faisait partie des officiers domestiques et commensaux de la maison royale compris aux états enregistrés par la cour des aides. Leurs services étaient de 3 mois avec 300 livres de gages et 37 livres 10 sous de récompense...


    Du fait des libertés qui suivirent la révolution de 1789, le tapissier augmenta son activité en y incluant la vente de tout ce qui concourt à l'ameublement.

    Ci-dessous, illustration de la manière de garnir un fauteuil à la façon du XVIIIe siècle :

    tapissier XVIIIe siècle

    Dans le Dictionnaire de l'Académie française de 1881 on retrouve une définition du tapissier  : "c'est un ouvrier qui travaille en toute sorte de meuble de tapisserie et d'etoffes...et une tapissiere étant la femme du tapissier. C'est aussi une ouvriere qui fait de la tapisserie, qui travaille en tapisserie à l'aiguille".

    Ci dessous l'intérieur d'une boutique de tapissiers au XVIIIe siècle :

    salle de tapissiers du XVIIIeme siecle

    Une salle de tapissiers à la fin du XIXe siècle. Les tapissiers villiers, à gauche essaient les drapés que confectionnent les courtepointières sur leurs grandes tables, à droite. Un tapisier Villier avait la  charge de la mise en place dans les interieurs ,des decors, preparés en atelier. Cet ouvrier s'occupait aussi de la pose des tentures murales et des revetements de sols. Enfin il pouvait  mettre en place  tous les accessoires de décors comme des tableaux, des glaces, des tapis.etc…

    Une salle de tapissiers à la fin du XIXe siècle

    L'artisan tapissier décorateur de nos jours réunit en sa personne le savoir de concevoir une décoration personnalisée et de réaliser le projet dans ses ateliers en se servant des nouveaux procédés, fournitures, et tissus du XXIe siècle. De nos jours, le métier de tapissier décorateur s'apprend en deux ans et se termine par un C.A.P on peut poursuivre la formation par un brevet de maîtrise et suivre des cours de dessins techniques et d'art et l'étude des styles.