Le restaurateur de mobilier : Expertise

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L'expertise : véritable enquête de détective !

Grâce à mon 3eme cycle Marché de l'Art spécialisé dans le mobilier obtenu à l'IESA (Institut d'Etude Supérieure des Arts), mes stages chez les antiquaires et les professionnels, notamment ceux du Carré Rive Gauche ou encore mon travail au Musée des Années Trente, je suis à même de vous renseigner sur l'authenticité de votre mobilier.

Le travail d'authenticité est avant tout un travail d'observation et d'analyse qui s'appuie sur les connaissances de l'expert et sur un travail de recherche, que ce soit dans des notes personnelles, des ouvrages de référence ou encore des visites de musées.

Lorsque l'on doit authentifier un meuble, il est important de suivre un processus d'analyse qui s'apparente à un travail de détective relevant des indices jusqu'à les transformer en un faiseau de preuves.

Ce n'est pas un élèment qui garantie l'authenticité mais tous les indices qui mis cote à cote viennent enrichir l'analyse en répondant à un certain nombre de critères jusqu'à ce que l'on acquière non pas l'absolue certitude de l'authenticité de la pièce mais des preuves tangibles qui poussent à penser que la pièce est "bonne".

Les faussaires malheureusement connaissent aussi ces critères et il est parfois difficile de tirer le vrai du faux. C'est pourquoi plus l'expert peut s'appuyer sur un nombre important de critères d'authenticité, plus son analyse sera fine et sa réponse assurée.

Le meilleur des conseils : observer, observer encore ! et ne pas hésiter à poser des questions au vendeur. Ne pas hésiter non plus à lui demander un certificat d'authenticité reprenant les termes exactes qu'il aura employé oralement. Ce certificat engage la responsabilité du vendeur et s'il rechigne à vous l'établir ou ne précise pas dessus l'époque ou le bois ou toute indication qu'il vous aurait dites pour vous insciter à acheter : MEFIANCE !

Très souvent sur les sites de ventes aux enchères je vois des meubles "attribué à", et lorsque je pose la question au vendeur je n'obtiens que de vagues réponses. J'écris régulièrement à des vendeurs qui vendent des meubles qu'ils attribuent à Leleu alors que ce sont des faux criants... de vérité si j'ose dire. L'un deux m'a même répondu qu'il s'appuyait sur son expérience pour "l'attribué à". Son expérience de vendeur ou d 'expert, cela n'était pas précisé !

Que penser des formules du genre "dans le gout de"... très utile  pour attribuer tout et n'importe quoi à n'importe qui.

Quoi qu'il en soit, je vous livre ci-dessous quelques uns des critères pouvant vous servir à authentifier un meuble ou a confirmer un doute. Ne vous privez pas d'acquérir un meuble qui ne soit pas authentique, il y a de très belles copies qui embelliront votre intérieur, mais payez le au juste prix pour ce qu'il est.

 

Présence d'une estampille ou d'une marque

 

Il est important de faire la distinctions entre estampille et marque. Rappelons que les meubles estampillés furent fabriqués entre 1751 et 1791. Beaucoup d'ouvrages ne furent pas estampillés pour echapper à la taxe royale, et ceux qui le furent se trouvent aujourdh'ui soit dans des musées, soit dans des collections privées ou encore furent détruits ou vendus sous la révolution.

La présence d'une estampille ou d'une marque augmente sensiblement la valeur des meubles anciens. C'est pourquoi malheureusement beaucoup d'estampille et de marque sont fausses. Il faut alors se reporter aux ouvrages de référence qui indique l'emplacement où dans la plupart des cas se trouve l'estampille selon l'ébéniste qui a crée la pièce. Il est bon également de comparer les estampilles, celle du meuble et l'estampille certifiée afin de mettre en rapport leur taille, leur réalisation... Une estampille devait résiter au temps; une estampille qui n'est pas profonde a toute les chances d'être fausse; Pour les comparer, vous pouvez poser un morceau de calque et frotter avec un crayon noir puis la reporter sur celle que vous savez authentique.

A contrario, ce n'est pas l'estampille qui fait l'authenticité du meuble, beaucoup de meuble de grands ébénistes sont attribués avec certitude et ne portent pas d'estampille. L'estampille est une des pistes vers l'authenticité mais ne peut pas à elle seule être un gage de qualité mais le contraire est vrai, des meubles de qualité ne portent pas forcément une estampille.

Prenons l'exemple d'un meuble Leleu. Un antiquaire m'a fait parvenir ces photos afin que je lui donne mon opinion sur l'authenticité de ce meuble qui a été attribué à Leleu et qu'il a acheté pensant qu'il était authentique.

 

Je commence mon travail d'investigation par la plaque qui tout de suite me semble fausse. De là ensuite il est facile de convenir que le reste du meuble est également faux mais cela serait trop facile car le meuble peut être bon  et un indélicat aura collé une mauvaise plaque afin d'augmenter sa valeur.

 

fausse estampille leleu

mauvaise plaque incrusté dans le meuble à authentifier

 

plaque-leleubonne plaque en ivoire portant la marqueLeleu


Il en va de même pour un siège par exemple. Un fauteuil peut s'avérer être un véritable fauteuil du 18ème mais voyant qu'il ne porte pas d'estampille un vendeur voulant voir augmenter son prix de vente appliquera une fausse estampille dessus. Quel hérésie ! Ce siège perd alors une grande partie de sa valeur en étant attribué à un autre !
Il s'agit maintenant d'observer le reste du meuble et de justifier en quoi il semble authentique ou non. Car même lorsque le meuble s'avère authentique il est nécessaire d'expliquer pourquoi et de le justifier.

Observer ce qui ne se voit pas habituellement

  • les sièges : vous pouvez les retourner et examiner l'intérieur de la ceinture, cet examen est vraiment révélateur des techniques de fabrication, de l'état de conservation et informe sur l'âge réel des bois du mobilier à expertiser.
  • les meubles anciens : en bois naturel, c'est-à-dire non marquetés, tous les assemblages doivent être chevillés sur le corps du meuble et sur les portes. Ce n'est qu'à partir de la fin du XIXe siècle que les assemblages sont collés.
  • les tiroirs :  leurs côtés  doivent être assemblés à la façade par des queues d'aronde.

Les techniques d'assemblages

En ce qui concerne les sièges, les assemblages des différents éléments du mobilier sont assemblés à tenon et mortaise bloqués par des chevilles. Sur un fauteuil ancien, on doit retrouver des  chevilles pour fixer les traverses sur les pieds antérieurs, et les montants.

 

cheville_louis_xvi_2

On trouve donc deux chevilles au niveau du raccord pied-traverse. Si le siège est tapissé , on observera qu'une seule cheville. On peut retrouver ces élements pour raccorder la traverse et le montant du dossier.

cheville_louis_xvi

 

A partir du XIXe siècle, les assemblages sont collés et non plus chevillés.

assemblage tenon et mortaise insertion des chevilles de part en part de l'assemblage.

assemblage tenon et mortaise avec insertion
des chevilles de part en part de l'assemblage.

 

Siège et mobilier travaillé par le temps

Les usures en bout de pieds (en particulier pour les sièges) sont également un signe d'authenticité pour un mobilier ancienne . En effet, un siège est déplacé sans cesse, ce qui provoque des usures sur les parties en frottement avec le sol, c'est-à-dire les bouts de pieds.

Cependant, là encore, la plus grande prudence est requise : rien de plus facile que d'user artificiellement un pied de chaise !

Idem pour les coffres. Les coffres du moyen age sont extrêmement recherchés. Rares sont qui ont des pieds ou une "plate-forme" en bon état. Ce pour plusieurs raisons : le stockage dans de vieilles remises ou cave ou l'humidité venant du bas a abimé en premier lieu les pieds du coffre. Les insectes qui eux aussi commencent souvent leur oeuvre par le bas. La plus grande prudence est recommandé lors de l'acquisition d'un coffre si le bas est en bon état : il peut s'agir d'un rajout ultérieur, peut être même très ancien; L'on peut souvent trouver un coffre 16ème avec des pieds 18ème... Parfois même le bas a été rajouté sans penser à mal, il ne s'agit pas là d'un travail de faussaire , simplement pour palier à un manque. Il est important dans ce cas de le préciser au client...

Bien entendu il existe aussi un des faussaires qui sont bien du 20eme ou 21ème siècle !

La patine de l'ancien

La couleur et la patine de ces parties sont également importantes, l’aspect d’une pièce de bois récente, vieillie et teintée n’aura jamais le même aspect qu’un

bois XVIIIème ou XIXème ayant pris sa couleur et sa patine naturellement.

La marqueterie

Pour les mobilier plaqués ou en marqueteries, il faut impérativement vérifier les épaisseurs de placage.A l’origine, ces feuilles de bois avaient une épaisseur

de 8 millimètres. Aujourd’hui, elles font un dixième de millimètre.

Au XVIIIème, les feuilles de placage étaient sciées à la main donc d’une épaisseur relativement importante. Il arrive lors de restauration (donc bois

initialement poncés) de trouver des placages de 15 à 20/10ème mm..

Dès le début XIXème, les scies mécaniques ont été utilisées (scie à bois montant ) permettant d’obtenir des placages bruts de 12 à 15/10ème mm.

Les techniques de débit du placage sont aujourd’hui le tranchage et le déroulage permettant d’obtenir des épaisseurs de 9 à 3/10ème mm. (épaisseur standard

5/10ème mm.).

Avec l'évolution des techniques au cours des siècles, on a pu observer une diminution de l'espace entre les stries faite par les outils sur l’envers du placage

afin d’obtenir une meilleure accroche de la colle. Quand il est possible de disposer d'un morceau de placage décollé celà permet de mieux dater l'époque des

travaux.

Si le mobilier a été restaurés et poncés plusieurs fois, il est courant d'observer des placages abimés (ou manquants), devenu trop fins et fragiles.

Ainsi continuons avec notre exemple, un buffet bas attribué à Leleu :

 

faux meuble leleu

buffet-faux-leleu2-s.

faux meuble leleu

  • Le piétement est similaire mais ce n’est pas le bon (ce n’est pas un sabot mais un enroulement normalement)
  • L’arbalète n’est pas une forme répertoriée même si elle s’en rapproche,
  • Je n’ai vu nulle part de meuble avec des colonnes marquetées,
  • Les entrées de serrure ne sont pas les bonnes,
  • Enfin la marquèterie n’est pas exactement celle de Leleu.

Les principaux travaux de restaurations que l'on peut trouver sur un siège sont :

  • l'équerrage de ceinture qui consolide le siège (visible sous l'assise). Elle n'affecte pas sensiblement la valeur des meubles anciens.
  • Les greffes de bout de pieds destinées à compenser l'usure. Si elles demeurent légères (2 à 3 cm. maxi), elles ne pénalisent pas trop le prix des antiquités

(moins-value d'environ 10%).

  • changement de tissus
  • changement de la garniture

Le débit des bois

Dans un siège ancien, le découpage des bois peut être  manuel et effectué avec une "scie à chantourner" qui laisse sous la ceinture des traces irrégulières de sciage particulières Si ces traces sont bien parallèles et régulières, c'est un signe caractéristique d'un sciage fait mécaniquement plus récent. Les parties planes, telles que la traverse arrière de ceinture du siège, peuvent cependant avoir été rabotées par le menuisier, dans un souci de qualité.

scie_louis_xvi_1 scie_louis_xvi_2

La sculpture du mobilier ancien

  • Le décor sculpté doit être "ressorti" par rapport à la surface de la planche et non pas creusé, ce qui indiquerait une fabrication très tardive. Par ailleurs,

  • une sculpture ou une mouluration de qualité doivent être bien grasses, c'est-à-dire généreuses, proéminentes, fouillées et dégagées.

La finition du bois :

  • Cire normale.
  • Ciré rempli : rempli des pores du bois à la ponce et finition à la cire.
  • Rempli méché : application à la mèche de vernis gomme laque sur un support rempli.
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